Le circuit des gorges de Véroncle 

Présente un intérêt multiple pour des randonneurs non sujets au vertige, capables de marcher 4 à 6 heures (16,5 km) sur un dénivelé de 300 mètres. Les animaux ne sont pas recommandés en raison de passages difficiles, (échelle, main-courante.)
Outre le fait que ce site naturel est encore resté sauvage et plaira aux amoureux de la nature, il présente un intérêt culturel hors du commun. On y découvre un véritable chef-d’œuvre d’aménagements hydrauliques destinés à faire tourner toute une série de moulins à farine d’un type très particulier.On peut débuter le circuit par le bas des gorges.
Sur la D2, entre JOUCAS et GORDES, prendre vers le nord, un chemin bien balisé qui amène, après quelques centaines de mètres, à l’entrée des gorges.
Nous découvrons immédiatement les vestiges du moulin CABRIER construit au XVI eme siècle (1652 ?) et acheté par Benoni CABRIER en 1856.
Ouvrage étonnant, point de départ d’un jeu de piste à la recherche de l’eau à jamais disparue sous les ombrages.
On découvre tout le génie d’un aménagement hydraulique qui dût composer avec une topographie difficile et un milieu plus sec qu’il n’y parait.
Une succession d’ouvrages de retenue et d’écoulement permettait de stocker l’eau nécessaire au fonctionnement du moulin.
L’ampleur et la qualité des constructions est impressionnant au regard du faible rendement du moulin.

En 1899 le volume d’eau par seconde qui coulait dans ce torrent était de 0,030 M3  (eaux ordinaires), 0,006M3 (eaux d’étiage), 29 M3 (grandes eaux). Il semble qu’aujourd’hui, le débit soit encore plus faible, en raison du phénomène de karstification et de l’accumulation des années de sécheresse depuis 1979 dans la région.

Apres avoir visité les vestiges du moulin CABRIER, notamment l’axe central et les meules encore en place, Nous débutons la randonnée par le passage d’une échelle métallique et une main-courante qui permettent d’accéder au lit de la VERONCLE et de découvrir le cheminement de l’aménagement hydraulique.
Une voie détournée permer d’éviter les obstacles trop difficiles pour certaines personnes ou en cas de crues.
Sous l’œil attentif de la falaise, nous allons cheminer entre habitat troglodyte rupestre, Beal d’amenée d’eau vers le moulin, « resclause » ou réserve d’eau, le tout dans une gorge très encaissée abritant une végétation hydrophore contrastant avec le reste de la région, dans une nature restée sauvage à souhait. Après les « marmites de géants », un passage difficile équipé d’une main-courante, ouvre la porte à un élargissement de la vallée qui mène au moulin Jean de MARRE après avoir traversé une zone de dalles rocheuses avec un balisage parfois peu visible, nous apercevons les ruines du moulin.

Le moulin à farine à roue horizontale, est depuis le moyen-âge au moins, la technologie privilégiée des méditerranéens pour la mouture des céréales. Le modèle le plus répandu est dit à rodet volant (ou roudet), c’est-à-dire non encaissé dans un puits de maçonnerie. Il existe cependant  des moulins de ce type, fonctionnant avec de véritables turbines, nommés moulins à « tinel » mais ils sont rares avant l’avènement des turbines métalliques au XIX° siècle.
Le principe de fonctionnement est dans tous les cas très simple. Un barrage submersible ou prise détourne l’eau d’une rivière dans un canal ou béal qui suit plus ou moins une courbe de niveau. Généralement, il s’achève dans un bassin, qui n’est souvent qu’une sorte de petit étang baptisé resclause ou écluse. Cette réserve a une fonction essentielle car elle permet de stocker le fluide moteur sur les cours d’eau trop faibles, irréguliers ou pendant les périodes d’étiage. Ainsi quand le moulin ne peut tourner « à fil » il est possible de le faire aller quand même quelques heures par « éclusées ». La resclause alimente ensuite soit directement une canalisation oblique « canon », aménagé dans le mur de force du moulin, soit un puits qui déverse l’eau à son tour dans la canalisation oblique. Le canon de pierre se prolonge au niveau inférieur du moulin ou chambre des eaux, par un canal de bois cerclé de métal pourvu d’une vanne, la serrure, à son extrémité. Le réglage fin du débit est ainsi possible. 

L’eau est dégorgée obliquement sur les cuillères situées à la périphérie du rodet et lui imprime un mouvement circulaire. La roue horizontale repose sur une petite crapaudine métallique, la loubette, portée par un padelas ou banc, pièce au châssis de bois  mobile dans le plan vertical qui permet l’embrayage ou le débrayage des meules. Cette opération s’effectue par l’intermédiaire d’une pièce de bois ou de métal verticale, l’aiguille, manœuvrée depuis la chambre des meules, tout comme l’ouverture et la fermeture de la serrure. Le rodet est solidaire d’un axe de bois, le bassègue, portant un axe de fer, le Pau, (pauferri ou pal). Ce dernier enfourche l’anille de fer encastrée à la face inferieure de la meule courante qu’elle met en mouvement. Le chemin du grain est inverse ; entassé dans la trémie, entremuelhe, il s’écoule dans un manche d’inclinaison réglable, la cassole ou auget, qui le distribue dans l’œillard de la meule. Il passe ainsi entre les meules où il est broyé et la farine rejetée par la force centrifuge est confinée dans un coffrage de bois, l’arescle, d’où elle s’écoule dans une caisse ou mastre, farinière, ou elle est prélevée et mise en sac.

Ce système à prise directe, à la fois simple, rustique et sophistiqué, présente de nombreuses variantes de détail. Son efficacité et son adéquation aux besoins et moyens des provençaux lui ont valu un immense succès  et la première place dans les opérations de transformation de céréales.

Ainsi n’est-il pas étonnant que dans une enquête de 1809 concernant les moulins de Vaucluse, les roues horizontales représentent 71,129 % du total. Apres avoir monté quelques mètres vous arrivez à l’intersection du poteau Moulin Jean de MARRE, vous montez à gauche vers une partie à escalader, mais les câbles et les chaines vous seront d’une aide précieuse (échappatoire possible par un sentier dérobé). Il faut maintenant monter deux lacets qui vous font passer devant une ruine appuyée à une aiguille rocheuse, c’est arrivé au sommet qu’en vous retournant vous apercevrez la profondeur des gorges et les méandres creusés il y a fort longtemps.

 

Même s’il vous reste un peu de souffle, attardez vous quelques instants, le décor en vaut la peine. Plus loin, vous vous écartez légèrement des gorges de la Véroncle par un sentier qui part en corniche sur 1 km et vous amène jusqu’à l’intersection de Vézaule (poteau). Vous vous engagez sur le sentier de découverte de droite qui vous fait monter dans un vallon puis longer un beau mur de pierre pour arriver sur les hauteurs boisées. Vous descendez maintenant et passez sur un replat noirci occupé par une ancienne charbonnière, la descente s’accentue et après un lacet arrive à un cairn qui vous indique l’itinéraire des ruines du moulin de la CHARLESSE. En continuant sur la rive gauche le sentier passe sous des chênes jusqu’aux ruines du moulin du Dévissé. Vous franchissez ensuite le lit à sec de la rivière et continuez sur la droite jusqu’au petit pont du moulin des étangs. Il n’y a plus qu’a suivre le balisage jaune jusqu’à MURS que vous atteignez après être passé sous un chêne remarquable par sa taille et sans doute par son âge, il a vu passer plusieurs guerres, la peste et pourrait nous conter moult histoires de Vaudois. La visite du village vous prendra un peu de temps, le château habité ne se visite pas.
Le retour sera moins intéressant, après le passage  par le VVF, puis le camping municipal, c’est une longue descente en lacets à travers bois pour rejoindre JOUCAS, puis suivre le sentier balisé en jaune en direction de GORDES, vous vous retrouverez au point de dépat à mi chemin.

LE BARRAGE DES ÉTANGS

Le barrage de Murs est, dans son genre, l’ouvrage le plus extraordinaire des Gorges de Véroncle. Édifié au XVIe siecle par François d’Astouaud, il nous a laissé une imposante muraille, vestige d’une double retenue d’eau : dans la partie ouest, la resclause était la réserve alimentant le moulin des Étangs et, en aval, celui du Dévissé.
La partie principale du barrage servait de retenue à l’étang de Murs, réserve de pêche du seigneur.
Deux murs longs d’environ 80 m délimitaient un « barrage-masse » rempli de terre, dont une partie est assez bien conservée. L’ouvrage est remarquable tant par sa rareté en Provence, que pour la noblesse de ses ruines.
Pourquoi est-il ruiné ? Des hypothèses ont circulé quant aux tremblements de terre qui l’auraient rompu, au XVIe siècle ou plus tard ; elles n’ont jamais été confirmées.
Il est beaucoup plus probable que le barrage ait en partie succombé à la poussée des eaux et, ensuite, à une lente érosion.

Entre 1546 et 1584, Aymar D’ASTOUAUD fit édifier au débouché de la combe de Véroncle, un barrage de132m² déstiné à fermer le cours du ruisseau. Cet ouvrage, désigné sous le nom de Barrage des Etangs et dont d’importants vestiges subsistent aujourd’hui, formait un petit étang de pêche en contrebas du village et permettait d’alimenter en eau les dix moulins en aval, le long du ruisseau.Ces moulins, dont quatre sont situés sur le terroir de MURS ont été bâtis dans la seconde moitié du XIX° siècle.
les deux moulins les plus en amont, les moulins des Etangs et du Dévissé ont respectivement été construits en 1581 et 1573. Ils sont construits sur le même plan. Un canon (gourgareu) dont le vestige le mieux conservé se trouve dans le moulin du puits de Cata, permettait d’acheminer l’eau du ruisseau jusqu’au rodet du moulin.
L’acheminement des matières premières se faisait par le chemin muletier serpentant au fond de la combe.
Contrairement aux moulin de Gordes qui appartenaient à des particulirs, les quatre moulins de MURS appartenaient au seigneur.
Le dernier moulin cessa de fonctionner en 1910.